النشـرة الفنيـة
تشكيـل
Exposition rétrospective de
l’artiste
Abderrahmane Rahoule à Rabat
Vie des formes et des couleurs
La galerie de la Bibliothèque Nationale du Royaume du
Maroc abrite l’exposition
rétrospective de l’artiste plasticien
Abderrahmane Rahoule du 8 au 28 novembre 2018, et ce avec le soutien du
Ministère de la Culture.
Mohamed Rassam
Dans
son beau-livre « Regards sur la peinture contemporaine au
Maroc » (Edition Al –Madariss, 1983),
Alain Flamand écrivait : « Comment parler aujourd’hui du travail de
Rahoule autrement que sur le mode de la prudence, voire de la réserve ? Voici
un peintre qui, professeur à l’école des Beaux-arts de Casablanca, a du métier.
Mais un professeur de lettres n’est pas nécessairement poète s’il se mêle de
composer des vers : un professeur d’arts plastiques est soumis à la même
terrible vérité. Rahoule travaille honnêtement sur les formes et les couleurs :
mais, à mes yeux du moins, rien ne chante encore. La pâte qui a de l’épaisseur,
est souvent belle ; toutefois, de même
que les mots bien choisis ne font
pas une syntaxe, de même en peinture, une certaine grammaire maîtrisée des
formes et des couleurs ne suffit pas à donner au tableau ce surplus de sens où
se joue toute la poésie. On reste ainsi réservé, l’attente est déçue, le
miracle de l’Art ne se produit pas.
Céramiste d’abord et
sculpteur, Rahoule est-il mal à l’aise
sur la toile ?ce malaise est-il contagieux ? Il semble pourtant qu’un progrès
de peinture se fasse sentir. Parti de formes vaguement cubistes, étirées, figées,
dans leur fuite, l’artiste cherche dans ses toiles récentes, quoique tout aussi
structurées que les précédentes, l’expression de la couleur pure. De grandes
masses simples, sans rapport avec aucune
figuration même stylisée, laissent augurer de ce pouvoir de peinture autour
duquel, jusqu’ à présent, Rahoule rôde avec trop de timidité. On aimerait plus
de violence : un rien de folie. Il se peut que le talent s’apprivoise. Rahoule,
indéniablement, y travaille. Souhaitons qu’il n’ait pas dit son dernier mot. ».
De son coté, Aziz Daki
, critique d’art , précise : « L’énorme
entassement urbain des logis et leur aspect étroitement serré expriment toujours l’émerveillement intérieur de
l’artiste. Il morcelle en formes coniques, sphériques, rectangulaires, carrées
les habitations de son enfance comme
pour donner corps à quelques parcelles de la féerie qu’il garde au –dedans.
Les maisons sont
accolées les unes autres, s’étagent étroitement enlacées Lorsque ces maisons se
dressent pour revêtir un aspect anthropomorphique, il ne fait aucun doute que
les murs s’unissent aux êtres .les habitations se fondent alors avec les hommes
dans une étreinte –à la fois amoureuse et indissoluble. Dans son art, il prouve que l’appropriation
d’un tableau nécessite un itinéraire qui permet de toucher autant du doigt que
par l’œil le mystère de la peinture. « Je travaille toujours mon sujet en le
tâtant ». Déconcertante confidence d’un
artiste qui ne recule pas pour apprécier l’œuvre, mais ferme les yeux pour la
voir avec les mains.
Rahoule opère par
fragmentation et juxtaposition, construction et étagement. Sans excès de
géométrisme pourtant. Cônes, rectangles, sphères sont harmonieusement
articulés. Si les formes sont réduites à leur expression minimale, la couleur,
elle, toujours vive, nimbe la toile d’un expressionnisme qui capte et égaie le
regard. Rien de narratif cependant dans cette peinture. Elle ne cherche ni à
conserver, ni à illustrer. Elle est entièrement axée sur la volonté de dégager
des relations purement plastiques : « Œuvrant simultanément la toile et la
terre cuite, il mène de pair ses
recherches plastiques dans les domaines de la peinture et de
la céramique. Les mêmes formes harmonieuses sont reprises d’un matériau
à l’autre avec chacun l’exigence de sa technique. Les compostions de personnages
difformes, entrelacés et arrondis de ses premières exposions font place à des
constructions architecturales où murs et dômes s’organisent pour accentuer
l’effet de relief et évoquer le calme et l’intimité des demeures marocaines »,
Mohamed Sijelmassi, l’Art Contemporain au Maroc, ACR Edition, 1989.
Une géométrie de l’inspiration
Selon l’approche
critique de l’écrivain Abderrahman Benhamza ( poète et critique d’art),
«Abderrahman Rahoule a toujours été fidèle à
son itinéraire plastique, qui s’inscrit majoritairement dans une fiction
urbanistique, ou plus justement dans une mémoire des lieux que les couleurs
s’emploient à présenter tel un jeu de lego fantastique, manipulé on dirait par
des doigts d’enfant.
L’architecture des
formes, très agréable à l’œil, rappelle un certain milieu social (la médina
arabe) que l’artiste investit à coups de contrastes pour en définir la
dynamique, une identité hétéroclite et souligner la nature d’un agglomérat
pittoresque aux structures fortement soudées.
Rahoule développe sa
fiction en aplats et juxtapositions répétées ; il s’attache à évoquer l’espace
citadin à travers une présentation fragmentaire. Les tons clairs déterminent un
certain échelonnement des façades, la lumière ressort parfois des formes et des
jointures dont la géométrie camoufle des personnages traités architecturalement
et faisant corps avec l’ensemble.
Mais tout n’est pas
que murs, angles et façades chez Rahoule, qui reste un artiste polyvalent. Dans
la même optique constructive, on relève chez ce dernier la présence de motifs
floraux, une vision d’intérieur un rien intimiste, un sens décoratif mais non
décorateur, où transparaît un graphisme atténué, très adroit aussi, dont l’idée
principale est d’égayer la palette.
Rahoule installe ses «
pots de fleurs » en termes de codes en
les réduisant à des schémas géométriques, à des formes à relents cubistes.
A mi-chemin entre une
abstraction formelle et une représentation suggestive de l’espace, l’artiste
peint des résidus de la mémoire visuelle tels que retenus par son regard
d’enfant issu de la vielle médina marocaine, images archétypales où l’on peut
aisément se reconnaître.
Artiste polyvalent
disions-nous, Rahoule est aussi sculpteur et céramiste. L’élément personnage
trouve sous sa main une autre manière d’exprimer sa subjectivité. Courbes,
rondeurs, un poli tactile se résument en un modelé qui n’est que douceur et
caresse de la matière. S’y exprime un affect en rupture totale avec ses œuvres
peintes. Rahoule dialogue avec une symbolique des formes où est célébrée l’idée
de couple comme valeur sociale primordiale. Le contraste vide/plein en compose
le langage essentiel. Le minéral (terre, bronze) est parfois poussé à des
limites de lissage telles que la lumière y trouve son éclat expressif le
meilleur.
Souvent d’une égale
dimension, les sculptures de Rahoule demeurent son coté tendre du point de vue
artistique. Aucune violence, mais une exubérance de courbes, une manière
d’arabesques qui sont autant de liens affectifs, de notes musicales imbriquées
les unes dans les autres en d’innombrables signaux symboliques. ».
Biographie condensée
Né en 1944 à
Casablanca, Abderrahmane Rahoule a commencé sa formation artistique en 1962. En
1967 il suit un stage de céramique à Delft, en Hollande et de faïence en
Tchécoslovaquie. Il revient à Casablanca pour être assistant dans l’atelier de
céramique de l’École des beaux-arts. Il repart un an plus tard à Paris pour
compléter sa formation et s’inscrit à l’École des arts et métiers. Il a
été professeur à l’École des beaux-arts
de Casablanca puis directeur
depuis 2003. Il vit et travaille à Casablanca. Il est membre fondateur
du syndicat des artistes plasticiens. Il est également membre de bureau de la
Coalition nationale des arts plastiques et de l’Association internationale des
arts plastiques de l’UNESCO au même titre que le fondateur de la galerie d’art
Akwas, située à Azemmour.
Le parcours
professionnel du plasticien Rahoule s’est construit, au fil des ans, en
poursuivant deux voies complémentaires : celle de céramiste, de peintre et de
sculpteur et celle d’enseignant à l’Ecole des Beaux-Arts de Casablanca dont il
est le directeur depuis 2003.
0 التعليقات:
إرسال تعليق