تشكيل
المغرب
التشكيلي
Matière aux sons multiples
L’artiste
peintre et écrivaine Loubaba Laalej expose à Tétouan
Les cimaises
de la galerie du Centre Culturel de Fondation Mohammed VI à Tétouan abrite les
œuvres récentes de l’artiste peintre et écrivaine Loubaba Laalej sous
l’intitulé « matière aux sons multiples », et ce du 20 février au 12 mars 2020.
En parallèle à cette exposition
thématique, le Centre Culturel de Fondation
Mohammed VI organise en partenariat avec
l’Institut National des
Beaux-Arts de Tétouan le vendredi 21 février à 16h une rencontre ouverte avec cette artiste qui
a reçu récemment un Doctorat honorifique délivré par le Forum International des
Arts Plastiques (Fine Arts Forum International) à Imouzzer.
Cette rencontre
sera ponctuée par la
présentation et signature de sa nouvelle publication artistique «
Fragments » dans ses deux versions française et arabe, et ce avec la
participation de plusieurs chercheurs et esthètes : Ahmezd Fassi, Driss Kattir
et Nour Eddine Dirar.
Il est à souligner que son recueil de proèmes «
Fragments», premier de son genre au Maroc, est selon la vision esthétique de Dr. Rachid Daouani
(critique d’art et professeur chercheur) un trouble des sens déchiffrant les
mots / maux qui, brulants, se suivent et se bousculent à évoquer la réalité
d’un désir qui taraude et se noie dans cette encre que le lecteur guette et
admire, fasciné subjugué par cet entre-deux. Cet instant d’entre les instants
où rien ne ressemble à rien, marque l’éternité de l’écriture fragmentaire.
Loubaba Laalej
a dans son actifs plusieurs publications de référence bilingues :
Français /arabe): « Emergence fantastique »,
« Matière aux sons multiples », «
Abstraction et suggestion » ( écrits
critiques), « Mes univers »
(monographie), « Pensées vagabondes » (recueil de poèmes), « Mysticité et plasticité » , «
Malhoun et peinture » (écrits et
œuvres).
Poétesse de la matière
Loubaba Laalej mérite d’être cataloguée parmi les
femmes peintres qui ont révolutionné la peinture. Par ses toiles récentes qui
revisitent la matière plastique, elle contribue à changer la conception de
l’Art hors de toute ligne directive classique, depuis l’esthétique grecque
jusqu’à Hegel (cette ligne de conduite estime que l’Art doit
échapper à la matière et au temps).Tout ce qui avait été rejeté par le
grand art, l’artiste l’intègre (y compris le temps), en mettant le mémorial
dans ses œuvres ; elle y mettait la finitude, l’éphémère. Le rendu finalisé est
une charge émotionnelle profonde dans sa peinture. Ce rendu envoutant connu
pour être imprégné des couleurs de la terre et d’autres éléments de notre
cosmos.
Artiste aventurière, Loubaba Laalej forge son œuvre
dans la matière et le temps. Elle a ouvert le chemin à une nouvelle plasticité
(néo plasticisme) avec la magie de la matière, et ce, selon un retour passionnant au réel
tellurique dans la peinture suite au regard d’enfant ébloui.
Son acte pictural dépasse les matériaux traditionnels
de la peinture, en inventant une matière qui n’appartient qu’à elle. Elle a
introduit dans la peinture des éléments non picturaux multiples. Tout est
mélangé avec une grande sensibilité et elle est l’une des rares introductrices
de la matière dans la peinture. Ses tableaux communiquent enthousiasme,
intensité chromatique et états d’âme. Une volonté arrêtée de partager, de
redessiner et d’explorer.
Loubaba Laalej, de formation journalistique, a une
relation passionnée avec la peinture dans tous ses états. Elle se lance, corps
et âme, dans l’inconnu, rejetant tout préjugé, y compris l’étude des techniques
et l’emploi des matériaux considérés comme traditionnels. Elle fait éclore un
imaginaire tendu vers des archétypes esthétiques qui renvoient à l’inconscient
collectif.
L’univers du corps, du vécu, du mythe, du merveilleux,
c’est ce que l’artiste met sur ses toiles, une prise en charge complète de
l’existence. Même la matière est en transformation chez elle. Elle est conçue
sur la base d’un travail néo figuratif avec un imperceptible référentiel
fantastique, inspiré de thèmes à connotation métaphorique universelle.
Œuvre drôle et expressive au sens littéral, son
univers est une poétique de la matière.
L ‘artiste, une intellectuelle de
premier ordre et une grande passionnée de pensée énergétique, donne
spontanément une pensée et une émotion à du matériau inerte. Elle est engagée
autrement dans une réalité bien plus terrestre que celle de la matière et de
l’art.
Loubaba a vécu les valeurs culturelles internationales
en France. Son œuvre est marquée par une dimension d’imaginaire, de présence de
l’instant, avec un sens perfectionniste et fin qu’on ne trouve pas chez
d’autres matiéristes.
Ahmed EL
YAHYAOUI
Chercheur en
esthétique
Version métonymique du monde
Artiste contemporaine, Loubaba Laalej brouille les
frontières entre la picturalité et la matérialité. L’être au féminin pluriel
demeure le motif privilégié de sa peinture éloquente. Espace de
l’expérimentation et de la contemplation, chaque tableau symbolise la richesse
mentale et la verticalité spirituelle de l’artiste ; mais représente aussi une
version métonymique du monde, et peut servir à l’artiste de réinterpréter les
formes et les couleurs, dans lequel elle puise comme dans un véritable chantier
de fouilles archéologiques.
Au fil des siècles et des civilisations, l’homme n’a
cessé d’apprivoiser la matière avec maturité et minutie, élaborant et mettant
en œuvre techniques et procédés. Car avant d’être créateur, l’artiste est aussi
un opérateur habile qui excelle dans son domaine de prédilection, maîtrisant et
perfectionnant sa connaissance de la matière et des moyens de sa
transformation. C’est dans ce sillage, que s’inscrit l’expérience originale de
Loubaba. Il s’agit d’un espace iconique hors pair et un environnement naturel
de la création représenté à de multiples reprises. L’artiste peint les « Libertés de sujets
d’ordre universel » associées à une nouvelle démarche plastique basée sur la
texture de la matière et son impact intriguant.
Loubaba explore autrement la relation implicite entre
l’œuvre et sa réalité référentielle, dont elle serait une sorte de prolongement
et de transcendance. Pour elle, le tableau est le « royaume de l’expérience au
sens mystique du terme » : Son champ pictural, c’est le cœur, le monde imagé,
ses énergies visibles et invisibles, sa force chromatique, son imagination
créatrice et son souffle intérieur. L’artiste, c’est la main qui obéit à
l’esprit. Ses travaux récents se présentent comme matrice d’une nouvelle
matière, d’un nouveau relief et d’une opacité transparente. La matière
saillante est la forme récurrente, voire omniprésente de son travail.
Elle est constituée avec doigté et assemblée avec
minutie au gré des associations formelles et/ou poétiques. On n’est pas très
loin là de la démarche matiériste, dans cette manière de réenchanter la vie à
partir des compositions chromatiques et structurelles personnalisées.
On peut également rapprocher ce processus de création
de celui employé par les grands peintres de la matière et les défenseurs de
l’art singulier réalisé sur le principe de l’« autoconstruction » à partir de
matériaux discrets ; processus inspiré d’une pratique ancrée dans l’histoire de
l’art. Dans son atelier, Loubaba procède également à l’expérimentation d’autres
matériaux non picturaux pour réaliser des compositions drôles qui forment de
véritables scènes expressionnistes avec point de vue, mais où la part de l’œil
intuitif est essentielle. Exploiter une matière aux cotés de la peinture pour
en faire une œuvre envoutante, telle est l’expérience de l’artiste Loubaba. A
l’image de son atelier, sa cuisine symbolique, le tableau est son véritable
espace, tout autant matériel (physique) qu’immatériel (spirituel).
Ahmed CHAKIR
Ecrivain et professeur chercheur
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